
Saint-Sulpice-la-Pointe
A mi-chemin entre Toulouse et Albi, à ras de l’autoroute A68, on trouve un petit village qui pourrait facilement être négligé. Mais bien que Saint-Sulpice-la-Pointe n’est pas impressionnant en taille, le village abrite quelques vestiges qui valent le détour pour les petits et les grands ! De toute façon, vous ne perdrez rien à y aller jeter un coup d’oeil.
Castela de Saint-Sulpice-La-Pointe
Saint-Sulpice-la-pointe se situe sur le confluent du Tarn (la rivière auquel le département doit son nom) et l’Agout. C’est sur les berges de ce dernier que le chevalier Sicard Alaman décide en 1240 de construire une “motte castrale”. Il s’agit d’un remblai de terre sur laquelle on édifie une tour ou un petit château, afin de surveiller et protéger les terres qui entourent la construction. A sa mort, Alaman fait une donation importante à l’Eglise, afin de construire une chapelle auprès la forteresse. Plus tard, ses descendants agrandiront le château (Castela en occitan), mais il ne subsistera malheureusement que quelques siècles. Durant la Guerre des Religions, une armée de protestants réussira à pénétrer dans la ville fortifiée de Saint-Sulpice en détruisant complètement les quartiers résidentiels et en mettant le feu au château.


Au jour d’aujourd’hui, il reste que peu des vestiges du château, ce n’est pas directement l’invasion des protestants durant la Guerre des Religions qui en est la cause, mais plutôt la reconstruction du village après cette attaque. En effet, comme il était coutume à cette époque, le château fut démantelé afin de réutiliser ses composants pour reconstruire les habitations du village.
Au-dessus du remblai de terre nous trouvons encore les restants d’un grand bâtiment avec des arches gothiques, il s’agit des ruines de l’ancienne chapelle construite en 1275. Juste à côté de ce bâtiment une petite tour, à peine de 3 mètres de haut, qui composait à l’époque la base du donjon.
Les tunnels du château
Le site du château cache d’autres secrets. Bien qu’on ne retrouve plus qu’une ombre de l’ancien château à la surface, le souterrain est bien mieux préservé. On y retrouve un réseau de tunnels, chambres et même une chapelle qui servaient de refuge durant les attaques contre Saint-Sulpice. Contrairement à ce que suggère le titre de cette partie, les tunnels sont plus anciens que le château. Ils y ont été reliés par la suite afin de créer une échappatoire si besoin en était.
Derrière une pauvre porte d’accès, on retrouve 142 mètres de tunnels, creusés à la main, d’une hauteur d’environ 1,90 mètres. Le réseau de tunnels relie une armurerie, des réserves, des espaces de vie et même une chapelle. Afin d’ajouter au mystère de ce lieu, une ancienne légende nous raconte comment duchesse Jeanne II de Boulogne (ruinée suite à son deuxième mariage) aurait utilisé les tunnels pour frapper de la monnaie, un privilège qui appartenait uniquement au roi de France. Elle en aurait frappé tellement qu’il constituerait un véritable trésor qui, jusqu’à présent, n’a jamais été retrouvé. Charles VII prend connaissance de l’histoire et la condamne la duchesse. Elle est obligée de fuir les lieux pour se cacher au château de Roquecourbe, ou elle décède à peine deux mois plus tard. Depuis, Jeanne II de Boulogne est connue sous un nouveau nom : Jeanne la Faussaire.

Le pigeonnier

Au pied du remblai, on retrouve une tour en brique, il s’agit d’un pigeonnier, construit en 1810, qui est toujours en utilisation à présent et aide la région à repeupler une espèce locale de pigeons. Une bande en briques émaillées vertes, en dessous de la toiture, contraste fortement avec la traditionnelle brique rouge qui constitue le reste du pigeonnier. Il s’agit d’une surface lisse qui empêche les rongeurs de grimper jusqu’aux oiseaux.
Même si le Tarn recense 1700 pigeonniers sur son territoire, celui de Saint-Sulpice est le seul à avoir une toiture de ce genre, travaillée en deux pentes en forme de chapeau de gendarme.
Autour du pigeonnier on retrouve un petit parc avec des accommodations pour faire un pique-nique en famille ou de profiter du calme. L’office du tourisme y est également situé.
Eglise Notre-Dame-Saint-Sulpice
En 1381 le seigneur Gaston Fébus ordonne la construction d’une église à Saint Sulpice la Pointe. A cette époque, le seul emplacement disponible dans la bastide est la place aux arcades, pile au milieu du village. Les travaux débutent aussitôt et on n’attend pas de terminer la nef pour entamer la construction d’un clocher donjon conçu pour atteindre 40 mètres de hauteur!
Malheureusement, Gaston Fébus décède avant l’achèvement de l’impressionnante construction. Son successeur, le duc de Berry, n’est pas sur la même longueur d’ondes et ordonne l’arrêt des travaux. Pour des raisons politiques et idéologiques il ne veut pas que le clocher de l’église dépasse le château. En 1412, après la disgrâce du duc, les travaux reprennent afin de rehausser les tours à la hauteur prévue initialement. L’impressionnant clocher à trois tours est, avec sa hauteur de 40 mètres, le clocher le plus haut du Tarn et sert initialement à la défense de la bastide, notamment durant la Guerre des Religions.



L’église est belle, mais loin d’être la plus belle ou la plus intéressante de la région, l’imposante façade est ravivée par une rangée de visages qui sembleraient illustrer différents artisanats, ainsi que des belles gargouilles. A part ça, l’extérieur est relativement sobre et assez comparable à toutes les églises qu’on peut croiser. A l’intérieur, cette modestie continue. Hormis l’abside et une niche qui sont décorées avec de belles peintures, l’église est peinte en blanc et jaune. Grâce à cette simplicité, les accents sont d’autant plus mis en valeur. Les illustrations sur les portes de l’abside sont très belles, la chaire gothique est une œuvre d’art et l’orgue compose un dramatique contraste avec le reste du bâtiment.



Le pont suspendu
Durant des siècles, la traversée du Tarn et de l’Agout se fait en bateau jusqu’à ce qu’en 1824 et 1847 des notables des communes de Rabastens, Couffleux en Saint Sulpice décident de joindre leurs capitaux et de financer un pont au-dessus de chaque rivière. Afin de couvrir leurs frais, ils perçoivent un péage. La maison d’octroi existe encore à ce jour, mais ne vous inquiétez pas: le passage est désormais gratuit!
La construction la plus intéressante à présent est le pont au-dessus de l’Agout. Initialement construit en bois, la construction ne résiste pas à la pression de l’eau pendant la crue de 1930 et est entrainée par la rivière turbulente. Un an après la catastrophe, le pont est reconstruit. Cette fois pas en bois, mais complètement en métal, supportant une dalle en béton et une chaussée bitumée. C’est un des derniers ponts de cette génération construit en France (à cause des contraintes liés à cette construction).


Conclusion
Si vous êtes dans les alentours de Saint-Sulpice-la-Pointe, le village mérite d’être visité. Il y a suffisamment de choses à voir et à faire pour divertir du plus petit au plus grand. Le village en lui-même n’a rien d’extraordinaire, mais les attractions compensent largement. La visite de Saint-Sulpice s’avère décontractée, il n’y a pas des milliers de touristes et on peut y profiter du calme. Cependant, ne faites pas des heures de route pour visiter ce village, car vous risquez d’être déçu.
Dans ce cas, profitez plutôt de ce reportage photos !
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